mardi 30 décembre 2014

Les intentions du créateur définissent-elles les habitudes des consommateurs ?


Les habitudes de consommation musicales se définissent par le moyen par lequel l’individu va entrer en contact avec l’art ainsi que le degré d’implication de son esprit dans l’écoute. Ainsi, l'évolution des supports engendre naturellement et irrémédiablement un profond renouveau dans notre façon d'aborder l'objet musical. 

La consommation, dans son essence, découle de façon plus ou moins complexe de la production. Les processus de création et environnements des créateurs caractérisent largement ce que sera le produit finit. 

De ce fait, l'artiste et son équipe sont responsables du produit qu'ils livreront au public.

Dès lors, la problématique suivante se pose :


Les intentions du créateur définissent-elles les habitudes des consommateurs ?


Les singles sont l'exemple type de la consommation musicale. Il était banal d'en trouver dans les bacs jadis, le concept s'est exporté depuis, inondant les plateformes de téléchargement légal et de streaming. 

Un single, c'était Face A / Face B, ou double Face A et était souvent des morceaux extraits d'album également en ventes, sans rarement de différences, souvent accompagnés de la version instrumentale.
Je trouve compliqué de comprendre pourquoi ce concept à existé, et continue de le faire, tant il est à l'opposé, selon moi, de la façon dont le rap, et plus largement la musique s'écoute, se pense.

Une discographie est une galaxie, un album est un univers, une dimension. Lorsque j'apprécie un titre, je ne me dis pas naturellement que je vais acheter ce morceau et l'ajouter à ma playlist de morceau unique. Non, je cherche le dernier album et l'écoute, puis je creuse jusqu'à avoir tout écouté. 
Ma carte SD de 16 giga est donc remplie d'album, et non de single, et c'est ainsi que je me construis un avis global sur les artistes que j'écoute. 

Pour en revenir à la problématique, la partie la plus intéressante du raisonnement est la suivante :
Selon une étude récente, 56% des consommateurs de musique digitales utilisent le "ripping", c'est à dire qu'ils téléchargent la musique qu'ils écoutent directement sur Youtube à l'aide de convertisseurs mp3.
Cette donnée est intrigante, puisque même en utilisant des pratiques à la limite du légal, plus de la moitié de ces consommateurs reproduisent les schémas de l'industrie.

Pour approfondir, disons que l'industrie, avec les singles, surf sur les tendances plus facilement. Or, le conditionnement du single peut-être limitant puisque l'offre domine la demande, ce qui efface l'action d'approfondissement, de recherche de l'auditeur. La joie de découvrir un bon morceau à l'écoute de l'album recule, le morceau en question est choisit par le créateur. Considérer l'acte d'achat musical différemment, en le combinant avec des pratiques illégales d'écoutes, permet justement de s'affranchir des règles de l'industrie et de découvrir perpétuellement. Voilà pourquoi ce chiffre, 56%, m'étonne beaucoup. Il m'étonne parce qu'il signifie que pour certain, même en basculant dans l'illégalité, retombe dans les facilités de l'industrie, dans ses pièges.


Mais ce n'est pourtant pas si étrange, en tout cas d'après le père du libéralisme, Adam Smith, selon qui le consommateur est la cible final, le but ultime de toutes productions. Il est dès lors normal, enfin, logique que le consommateur agissent ainsi, puisqu'il à été formé, son esprit structuré, depuis sa première tirelire, à l'acte d'achat, instantanéité de la consommation. D'ailleurs, celui-ci étant trop idiot ou la propagande si forte, des lois protégeant le consommateurs fleuriront au fil du temps (dès 1960 aux Etats-Unis).


On pourrait répondre à la problématique de la façon suivante : les intentions du créateur définissent-elles les habitudes des consommateurs ? 
Oui, à hauteur de 56%.

Mais vous conviendrez que cette réponse n'en est qu'une seulement sur la forme, ce qu'il faut retenir en conclusion, c'est que la société de consommation cristallise le système moderne et ses caractéristiques, soit la publicité et le marketing, l'instantanéité de l'acquisition, l'image et la propriété. Les dernières preuves en date sont ce flow propre à la trap, court et saccadé. Là où le texte s'efface et laisse place à des bribes de mots, parfois frôlant l'absurde ou le ridicule. Comme si les filaments textuels ne comptait peu ou pas, n'était là qu'au service d'une autoproclamée punchline, souvent faible, qui plus est.



Plus de statistiques : 


Si, dans un système libéralisme, la cible finale est le consommateur, d'autres conception de la consommation musicale existe, c'est ce que je présenterais dans le prochain article.

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