vendredi 20 septembre 2013

Rap & Cinéma



Beaucoup de personnalités du rap se sont essayées au cinéma.
Avoir une certaine notoriété en tant que rappeur et véhiculer une image caricaturé suffit, semble t'il, à décrocher un rôle de soi-même. D'autres se lancent eux-mêmes dans la réalisation cinématographique, portant la double casquette d'acteur et de réalisateur.

Dans Banlieue 13  la Fouine nous offres une prestation de haute voltige en tant qu'extrémiste musulman qui représente un gang ou je ne sais quoi. En plus de Laouni on y retrouvera Rim K, James Deano et MC Jean Gabin dans des rôles plus ou moins secondaires, peut-être parce qu'ils sont potes avec Besson où parce que le cadre du film c'est la banlieue, ou les deux.
Swagg




C'est, dans un sens, assez étrange, qu'un artiste voulant mettre en avant une certaine réalité finissent par la jouer au cinéma. Leur réalité devenant ainsi scénario quasi-surréaliste et dédié au divertissement.

On pourrait également y voir une pulsion créatrice mêlant musique et cinématographie sur fond de sujet de société, peut-être.





On ne peut parler rap et cinéma sans aborder deux films qui ont marqués l'histoire du rap et du cinéma si tant est qu'il y en ai une. Je pense bien sûr aux films de Jean-Pierre Richet et de Mathieu Kassovitz qui sont deux films intéressants, qui ont marqués des générations, la scène de Cassel devant le miroir dans laquelle il reprend  De Niro dans Taxi Driver en est l'exemple.
Personnellement, j'ai plus apprécié les soundtracks que les films eux-mêmes, même si ceux-ci touchent à une bonne partie de la culture hip hop de l'époque.


1995
1996
Fabe écrira ceci sur ces films dans Nuage sans fin en 1997 :

"La différence entre Spike Lee, Kassovitz et Richet:
C'est que Spike Lee parle de ce qu'il est sans excès.
Sans vous vexer, nos petits frères regardent vos films à succès,
Vous fantasmez, sur " Noirs, Arabe et jeunes de cités ",
Incitez, excitez, mais existez-vous
Pour nous mettre la corde au cou ou pour résister ?
Faudrait savoir, avoir de l'espoir c'est bien joli
Mais pousser les gens à la guerre chars contre pierres, j'trouve ça pourri..."


BREF

Ici on ne parlera uniquement de films français avec des artistes français parce que je suis français et que les films de rappeurs US il y en a plein, vraiment vraiment plein.
Je vais essayer, à travers une liste non-exhaustive, d'observer les différentes réalisations créées ou mettant en scène des rappeurs.


Il y a ces films où les rappeurs jouent presque leurs propres rôles, ou du moins l'image d'eux-mêmes qu'ils véhiculent. Néochrome et Cramé, Alpha 5.20 dans African Gangster, Dosseh dans Karma... ( Morsay dans la vengeance.. ahah )
Ces films se positionnent du côté des "street films" de par leur budget, et plus globalement de leurs réalisations.
En restant dans le thème des rappeurs transposant leurs vies à peine déguisée par la fiction on pourrait parler de Dans tes rêves avec Disiz et de Black avec MC Jean Gabin, mais avec respectivement 5,3 et 3.2 Millions d'€ de budget on s'écarte un peu du street film. 

Amateurs oui, mais pas dénués d'idées. Je ne porterais pas la veste du critique cinématographique, je ne l'ai pas.
Mais je vois ces films comme des clips plus long, beaucoup plus long. En effet, ces films ont tous une bande son particulière. Comme tout les films me direz vous, mais nous parlons ici de films-albums, qui est un concept intéressant quelques soit la thématique surtout lorsqu'il s'agit de films à petit budget puisque c'est souvent là où les moyens sont limités qu'on trouve le plus de créativité, la preuve :



En 2003, Doc. K, Fredo et K. Fear de La Brigade co-scénarisent et jouent dans le Cercle de la haine. Ce film suit 3 jeunes de banlieues persuadés que la violence leurs permettra d'être respectés. Le film est accompagné d'un documentaire faisant intervenir Kool ShenJoey StarrBoobaLinoCalboPit BaccardiDieudonnéOl' Kainry,KamnouzeDon ChoaSopranoLady LaisteeThe BeatnutsRoyce da 5'9"Joe DaltonAlain FiglarzGérard Depardieu

Le Cercle de la haine est intéressant tant sur le fond que sur la forme. Il ne s'agit plus d'incarner son propre rôle mais de diffuser un message, accompagné d'un très bon album. La synergie entre le film et l'album rend le tout très cohérent.


Hamé et Ekoué de La Rumeur ont quant à eux co-écrit une série constitué de 3 épisodes nommée "De l'encre..". Diffusée sur Canal +, cette fiction racontant les déboires d'une jeune rappeuse amenée à prostituer sa plume à l'industrie. A travers cette fiction on y retrouve cependant des résonances du parcours du groupe telles que les différents compromis proposé au rappeurs dit "authentique" par l'industrie, et des coulisses des grands médias hip-hop. A travers des personnages et un background fictif, La Rumeur arrive néanmoins à transmettre une idée très proche de leurs univers.

Ecrit et réalisé par Akhenaton et Kamel Saleh ( réalisateur du clip de "Demain c'est loin" et "Né sous la même étoile" ), "Comme un aimant" est inspiré du son "L'aimant" d'IAM

Véritable photographie de l'époque, le film fut très bien accueilli par la critique et par le public.
La bande son du film est impressionnante, on y retrouve notamment Talib Kweli !




Le "Conte de la frustration" est le dernir film co-réalisé par Akhenaton. Suivant un personnage sombrant dans la noirceur, ce téléfilm diffusé sur France Télévision et accompagné d'un album s'écarte plutôt des attentes que l'on pouvait avoir de la part d'un rappeur, dans les thèmes, la mise en scène et les personnages.

Un rappeur est un artiste et  à chaque création il se voit associé à certains codes culturels, à un certain public. Ce public et ces codes peuvent brider la carrière d'un artiste puisqu'une fois que tu en as cerné les attentes il peut être difficile d'essayer quelque chose de nouveau. Sur le sujet, Solaar dira qu'il ne veut pas être mis dans une case et c'est pourquoi il s’évertuait à diversifier un maximum ses morceaux. Mais le cas de Joey Starr, par exemple, est bien différent puis qu'il est passé du rap au ciné tout en souhaitant, j'en ai l'impression, garder la même image.


Devenu acteur, parfois incarnant des rôles éloignés de l'image que l'on avait de lui, Joey Starr fait maintenant partie du paysage cinématographique français. Il serait intéressant d'analyser l'évolution de son public à travers les années. Serait-ce seulement des fans de la première heure qui ont vieillis ? Ou viennent s'y ajouter ceux qui furent bluffés par son jeu d'acteur ? On pourrait également se poser la question suivante : Pourquoi à t'il garder son pseudonyme de rappeur ?

Le rap est un milieu dans lequel on a rapidement fait de lyncher les collaborateurs du système et de l'industrie et le cinéma en est une bonne représentation. Peut-être est-ce une des raisons pour laquelle les street films ne s'aventurent pas trop hors de l' univers des artistes, par peur de décevoir le public. Et c'est dommage.

 Nekfeu dit dans son dernier son "le public c'est des profs de sport, ils te disent quoi faire mais ce n'est pas eux qui font des tours de terrains". 


La fin approchant, je sens maintenant le dernier sujet de cet article venir.
Devrais-je en parler longuement ou simplement le mentionner ?

 Je ne pense pas m'étendre sur ce film.

Rap intégral - Au plus profond du rap francais

Une production Marc Dorcel, je ne l'ai pas vu, je ne suis donc pas certain que Oxmo, Zoxea, Driver et les autres ne soient présent qu'uniquement dans la bande son.


Voilà les extraits que j'ai pu trouver ( pour un public averti ) :

Zoxea, Oxmo Puccino, Driver et le fameux Nibar bar





Merci,

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A la prochaine !