dimanche 28 octobre 2012

Fabe - Nuage sans fin







C'est assez difficile d'écrire un article sur Fabe, d'abord parce que j'ai dû choisir un son. En effet, sur l'ensemble de son oeuvre nombreux sont intéressant à écouter.


Fabe à commencé approximativement en 1991 et à arrêter vers les années 2000. On compte 4 albums et de nombreuses apparitions, comme sur les 11"30 contre les lois racistes et ses projets avec la Scred Connexion.


Même si je vous invite à écouter l'ensemble des ses titres, c'est le son "Nuage sans fin" que j'ai choisis. Celui-ci illustre bien le recul que Fabe avait sur le système, ses mécanismes vicieux et les pièges qu'il nous tend.




"La France est un manège et le président un forain,
le monde la foire du trône et on veux tous gratter tour un"


Parmi les nombreuses métaphore de Fabe, c'est une de mes préférées. Elle illustre fidèlement la dimension artificiel du système. La fête foraine c'est une place de loisirs où tout n'est que visuel, sans profondeur. L'absurdité de la fête foraine et parallèlement du système c'est que tout le monde sait qu'on ne peut qu'y perdre mais pourtant on joue quand même. Une attraction attire les visiteurs de deux façons différentes : le phénomène de masse et/ou les gains potentiels.


Le phénomène de masse : on fait parce que les autres font. Ce phénomène est perfide puisque même celui qui a compris ce mécanisme s'y intègre par son opposition. En soi l'opposition n'est qu'une autre forme de bergerie. Les marginaux se détachant de la première masse vont inconsciemment en créer une deuxième, ouvrant un nouveau marché pour les "forains".

"Puis tour à tour, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de place pour tous, La pilule passe mal, alors on s'pousse tous à bout, à bord d'accord
Ça sent la mort, on collabore, même si le plan c'est eux qui l'élaborent... "

Le système nous met en compétition en créant des besoins que tous ne pourront combler. Cette compétition divise et permet un meilleur contrôle des masses. La régulation interne se fait par les masses eux-même. Le système doit juste faire naître une inimitié en reprenant, par exemple, plusieurs fois, un même concept, une même information qui au fil du temps deviendra une vérité car les gens voient seulement ce qu'ils veulent voir. Et ce qu'ils veulent voir, c'est eux-même, pas les autres.


"Incitez, excitez, mais existez-vous pour nous mettre la corde au cou ou pour résister ?
Faudrait savoir, avoir de l'espoir c'est bien joli 
Mais pousser les gens à la guerre chars contre pierres, j'trouve ça pourri..."


La référence au film La haine et Ma cité va craquer est assez explicite. Ces films émeuvent les foules mais avec du recul, n'est-ce pas juste une autre caricature/mise en scène des banlieues ? Nombreux sont les oeuvres, films et livres qui invitent à la révolte, à l'indignation. Il ne suffit pas de le dire pour le faire, sinon il y à longtemps que les choses auraient bouger.

"Dorénavant aller de l'avant, ça veut dire avancer en bavant En buvant l'sang de ceux qui n'sont pas dans ton camp... "

"Ça ne me plaît pas, c'est pas que j'm'en fous, ou qu'j'm'en fais pas, 
Ça m'saoule qu'autour de moi la foule ne s'apprécie pas. "


La mise en compétition contrôlée est le principal vecteur de dissension au seins de nos villes. Les gens sont effrayés, en colère ou triste en fonction de ce qu'ont leurs dit de ressentir à propos de telles où telles communautés.


"Qu'autour de moi la jeunesse laisse filer sans finesse l'espoir, Laisse voir ses faiblesses, une histoire qui tourne en rond.
T'as vu nos vies tournent en rond, à cause de qui à ton avis ici on tourne en rond ? 
Et tu crois quoi, qu'j'vais dire que c'est à cause de l'Etat ? 
Quand tu plantes ton frère, est-ce que c'est Jacques Chirac qui prête son bras ?"


Nombreux d'entre nous sont pessimistes quant à l'avenir. C'est vrai qu'en ce moment chaque jours se ressemble. Mais après tout, c'est à nous de faire en sorte que ça bouge, c'est ceux qui n'ont pas encore bût dans le calice du vice qui pourront changer les choses. Il ne faut pas se laisser guider par leurs instructions : avec un peu de recul on se rend compte qu'ils n'exercent aucun pouvoir sur nous donc arrêtons de faire comme si.

"on nique la vie ou nous ?"



"Le mal s'accroît, on comprend pas, on n'a plus d'voix alors on n'répond pas. Le résultat : c'est l'abstention aux élections,
On fait une sélection, aucun de ces porcs n'a de propositions concrètes 
Et notre image ne se reflète pas dans leurs idées. 
Donc ils s'foutent de c'qu'on pense puisqu'on n'est pas représenté !"


Ce n'est pas en votant blanc (ou en ne votant pas du tout) que les choses bougeront ( le vote blanc n'est plus comptabilisé depuis 1985 ). Abandonnez l'idée de faire bouger les choses à travers les élections. Le fait même de voter te fera cautionner un système que tu condamnes. Ceux qui ont le pouvoir actuellement ne l'ont jamais demandé auprès du peuple, n'ont jamais fait de campagnes ni serrés de mains.

"Un monde à l'envers, un compte à rebours, c'est trop tard !
Regarde l'horizon, nos vies sont flouées par un sale brouillard... "


Les textes de Fabe sont denses et je vous invites à les découvrir. Sa vision des choses est plus qu'intéressantes et ses techniques artistiques ont été copiées mais reste inimitable. Voici son blog http://9mai1971.blogspot.fr/ où il explique pourquoi il a choisi d'arrêter le rap.


Merci.

vendredi 5 octobre 2012

Scred Connexion - Avec ce qu'on vit


La Scred c'est Mokless Haroun Morad Koma et Fabe (jusqu'en 2000, année où ce dernier arrête le rap, pour en savoir plus voici son blog http://9mai1971.blogspot.fr/ que je recommande de lire avant de s'exprimer sur son choix). Un collectif qui sort des skeud ensemble ou en solo depuis les années 1990.

Avec la Scred, c'est comme avec Rocé ou Solaar : on parle pas de rap game, comme dirait Fabe "c'est un jeu d'enfants". Une plume puissante, réfléchie et aiguisée.


La preuve en son :


Sur ce son c'est Koma et Morad qui mélange leurs style d'écriture et leurs flow intelligemment. A partir de 2 minutes, les deux enchaînent les phases genre fusion dbz et ça déchire.

"Connaître souvent la défaite donne l'impression d'être cloche,

 mais si t'es resté correct t'auras l'appui de tes proches,
un homme qui reste honnête aura l'appui de ses proches"


La défaite peut être blessante et ces blessures peuvent s'accumuler car lorsque l'on arrive pas à atteindre nos objectifs notre confiance en nous peut s'effacer.

Comment peut on espérer gagner tout le temps dans un système ou les gens comme nous sont programmer pour perdre ?

Ce qui importe c'est d'être honnête avec soi-même et les autres dans tout ce qu'on entreprend, dans la victoire comme dans la défaite.

"On pense à notre lendemain mais est-ce qu'il pense à nous"



Beaucoup de gens sont dans la même situation, en effet nous pensons à l'avenir, nous nous organisons pour monter des projets ou autre mais l'avenir, et à travers l'avenir j'entend ceux qui ont vraiment le pouvoir d'assurer un avenir pour la population, pense t'il à nous ?

Sommes-nous partie intégrante de l'avenir ?

La situation actuelle m'inciterait à répondre non, mais je ne définirai pas mon avenir, mon chemin de vie, en m'appuyant sur le contexte politico-économique mais plutôt sur les gens que j'ai et vais rencontrer ainsi que mon savoir-faire qu'il faut cultiver comme Candide et son jardin.


"C'est pas la peine d'être pressé vu la lenteur dont les choses avancent"


J'en ai croisé des pseudos rebelles / révolutionnaires / anarchiste. Ces gens qui font tout dans la précipitation du moment que ça peut nuire au gouvernement. Quelqu'un qui te dit "moi je n'aime pas la politique je ne voterai pas, moi je .."

Si tu parles de toi comme point d'appui pour changer les choses tu es et resteras dans la mauvaise direction, tu veux changer le monde ? Tu auras juste changé ta vie.

Cette phase de Morad illustre pour moi le paradoxe des gens qui s'achètent des t-shirts che guevara. Ils se précipitent dans l'opposition sans forcément réfléchir et par conséquent ralentissent tout autre forme plus réfléchie d'opposition.


"J'veux aller où je veux, quand je veux en esquivant les frontières"


On veut se casser, voyager en oubliant les frontières physiques, financière et politique. Les vrais frontières aujourd'hui c'est le degré d'acceptation des gens, ce qu'ils vont te permettre où non de faire.


"Estimer moins que s'qu'on vaut,

Dur de faire tout s'qu'on veut,
Sûr qu'avec s'qu'on vit
Esquiver les lieus ça vaut mieux
Estimer vous être heureux
Soyons sérieux et parlons
De s'qu'il ne vas pas ici bas
Et d'comment passer à l'action" 


Et ce degré d'acceptation est variable selon l'image que l'on renvoi. Cependant cette image, nous n'en sommes pas maître. Peu de gens aujourd'hui regarde autrui comme ce qu'il est vraiment. Notre image est donc altérée par les lieux commun, les préjugés, les catégories dans lesquels nous serons rangés. Cette sous-estimation peut ainsi bloquer des chemins sans que l'on puisse y faire quelque chose et même s'en rendre compte. "Soyons sérieux", si on avait besoin de la politique pour changer les choses ça se saurait. C'est à nous de préparer, organiser et mettre en place le changement.


"Si on s'entête à lancer des mots des rimes sensés,

c'est qu'en même temps que tes pieds on veut voir ton cerveau danser"


Peace