dimanche 5 avril 2015

[Chronique] Kaaris - Le bruit de mon âme



Etrangement annoncé, "le bruit de mon âme" ne s'est pas vraiment fait attendre. Après quelques extraits semés généreusement depuis Septembre 2014, Kaaris a annoncé très simplement mi Février l'ouverture des précommandes ainsi que la date de sortie du projet, en même temps.

Je me suis demandé lors de ces annonces pourquoi n'avait-il pas pris soin de travailler sa promo comme pour son premier album. La réponse semble évidente, la fan base était prête, le contrat avec Def Jam était signé, et le buzzclash avec Booba lui assurait une promo gratuite, pour peu d'accepter de passer pour un con.


DEF JAM ?

Après "Or Noir" qui était sortit sur AZ (Universal) et suite au clash, Kaaris et Therapy Music ont rejoins Def Jam.

Def Jam est un label relativement vieux, mais qui n'a ouvert sa branche en France qu'en 2011.
Affilié à Universal, le label est dirigé par Benjamin Chuvalnij, un ancien du mouvement puisqu'il était également le créateur d'Hostile Records (Ärsenik, Soprano, Rohff, Diam's...).

Parmi les artistes signés sur le label, on retrouve :

Alonzo, Akh & IAM, Dinos Punchlinovic, Disiz, Dosseh, Eklips, Joke, Kamelancien, Kool Shen, Lacrim, Mister You.


Récemment Def Jam à lancé un vaste plan de signature de tout les gars qui tournent autour de la drill/trap. Même si j'ai pas tout compris de ce plan, il me semble qu'ils essayent de faire une écurie à thème, histoire de capitaliser sur les tendances actuelles. C'est ingénieux de regrouper les publics de chaque artistes, les effets d'annonces sont plus explosifs, c'est malin. 


LE BRUIT DE SON ÂME

Comme d'autres, j'espère, j'ai eu beaucoup de difficultés à l'écoute de l'album.

En effet, l'écriture n'a pas changée d'un poil, et les prods de Therapy sont redondantes, la monotonie étant le problème que l'on retrouvait déjà avant la fin de l'écoute de "Or noir".

Ceux qui n'ont pas été dérangés par ceci, pourront appréhender LBDMA naturellement.
Personnellement, j'ai parcouru péniblement l'album. Arrivé à la douzième piste, le morceau éponyme, je me suis rendu compte que je n'ai pas retenu une seule phase des morceaux précédents, pire encore, j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur l'écoute. 

En s'arrêtant un moment sur les textes, on notera la persistance des thèmes dans l'écriture de Kaaris. 
Ces thèmes, usés encore et encore par K2A lui-même mais également par tellement d'autres, sont fatiguant. Les métaphores s'articulent sur quelques axes principaux.

Les saletés sexuelles, les narcotiques, l'argent, le game, la violence. A l'écriture de cette dernière phrase, j'ai eu l'impression de rédiger l'introduction d'un reportage envoyé spécial. C'est simple, je suis resté indifférent à toutes les phases de Kaaris. Les références sont les mêmes, on reste en terrain trop connu, malheureusement. 

Sur le plan textuel, LBDMA n'est pour moi qu'une réactualisation du premier album qui avait surpris par son écriture particulière. Une fois la surprise estompée, on s'apercevra que les différents morceaux des deux albums sont interchangeables.


KIM JONG 2

Cependant, on remarquera quelques nouveautés, heureusement.

Rares sur le premier album, les deuxièmes voix sont plus présentes sur ce projet, les phases se trouvent plus appuyés, plus profondes. La force de l'album réside toujours dans l'omniprésence de Therapy Music, on sent que les prods de l'album ont dirigées directement l'écriture et  le flow de Kaaris. 

On notera diverses variations de flow, on pourrait s'en réjouir si ceux-ci n'avaient pas été simplement emprunté à Kendrick, Chief Keef, etc... Cependant Kaaris ne s'en cache pas, alors j'imagine que c'est acceptable.

Au final ce qui apporte le plus de fraîcheur dans l'ensemble de ce premier album, c'est l'imagerie du projet. Les 7 extraits sortis avant l'album sont clipés, je ne pense pas que ce soit terminé.

Le duo de Beatmaker (2093 & 2031) au coeur du label Therapy Music jouit d'une certaine popularité parmi le public français. Avec Kaaris, ils ne sont pas seulement ses beatmakers, c'est 2093 qui dicte bien souvent à K2A comment poser sur les instrus. Le rappeur ne s'en cache pas, encore une fois, il faut le savoir. Pour bien comprendre, gardez en tête que tout ce que vous trouverez de nouveau dans cet album ne sera probablement pas l'initiative de Kaaris.






En conclusion, il est intéressant de noter que le premier extrait (Se-vrak) de l'album est sortit le 25 Septembre 2014, et n'a pas été annoncé comme tel. Il était d'ailleurs disponible gratuitement. Cela peut paraître étonnant mais, n'étant qu'un remix, c'est compréhensible.

Pourtant, à l'annonce du second extrait, "Comme Gucci Mane", le 27 Octobre 2014, il n'était toujours pas précisé qu'un album approchait.

08 Décembre 2014, le troisième extrait, "80 Zetrei", n'annonce toujours pas l'album, mais l'ouverture du shop BTTF

Le 14 Janvier, "Magnum" est dévoilé, celui-ci n'annonce toujours pas l'album, le titre est disponible gratuitement.

L'extrait suivant (12/01/15), toujours pas annoncé comme tel, est le morceau "Mauvais Djo", celui-ci est présenté comme un freestyle.

Il aura fallu attendre le 20 Février pour que le morceau éponyme, qui annonçait les dates de précommande et de sortie, ne soit révélé. 

Le dernier morceau extrait sortira le 04 Mars 2015, et marquera l'ouverture des précommande.

Plusieurs déductions sont possibles,je pense que si les prises de risques de l'album sont minimes, et les nouveautés quasi-inexistantes, c'est probablement parce que tout ces morceaux étaient déjà écrits ou ont été écrits dans le même contexte que le premier, de la même façon, et probablement sans réelle envie de proposer quelques choses de différent.

Finalement, pour apprécier l'album, il vaut le mieux le considérer comme une ré-réédition du premier, ça rend le tout plus cohérent.








J'ai décidé de modifier la diffusion sur le blog, je me concentrerai ici uniquement sur les chroniques albums. Je travaille cependant sur un autre format, que je diffuserais par la suite. Pour se tenir au courant, rejoignez nous sur Facebook, Twitter, ou G+.


Merci




samedi 28 février 2015

[Chronique] Gradur - L'Homme au Bob





Exercice compliqué ici puisque j'ai décidé pour la première fois de chroniquer un album. Et pas n'importe lequel, celui de Gradur.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de clarifier les raisons pour lesquelles j'ai choisi cet album en particulier. Je trouve que Gradur représente fidèlement la trap music sudiste d'Atlanta. Le courant de la trap à pris de l'ampleur en France notamment grâce à Therapy qui depuis quelques années nous ponds des instrus souvent similaires et c'est aujourd'hui peut surprenant d'en entendre sur les projets de nos chers rappeurs français. De plus, le parcours de Gradur offre de nombreux points intéressant à étudier.



Gradur est un gars intelligent





Au regard de son court parcours, Gradur à réussi beaucoup de choses avec brio. Si, certes, il dit en interview qu'il ne rappe pas sérieusement depuis très longtemps, à l'écoute de ses sons et de l'album, on devine que c'est un grand auditeur de rap US. Et cela se ressent, L'atmosphère propre à la Dirty sourth est respectée, on sent que l'ancien militaire sait ce qu'il fait.

Et ce qu'il fait, il le fait intelligemment. Se lancer dans une série de freestyle, certes non masterisés, mais diffusés hebdomadairement lui à facilement permis de rassembler une certaine communauté autour de lui. Il faut également noté qu'à partir de son deuxième freestyle remix de LMLVSB de Booba ce dernier l'a partagé, ce qui à vraiment confirmé le potentiel commercial du projet musical de Gradur (73 millions de vues sur Youtube, des freestyles à 10 millions, c'est peu courant dans le rap français). Signé chez Universal peu après, il fera disque d'or en 3 jours avec son premier album.


Une écriture particulière

La plupart des contradicteurs de Gradur (et de la trap en générale) accusent une écriture souvent négligé voir faible, des prods redondantes et un flow partagé par 20 mecs. Et ces gens là n'ont pas totalement tort, mais ne font pas non plus l'effort d'essayer de se contredire. En écoutant l'album de Gradur, je n'ai trouvé aucune ressemblance frappante avec l'album de Kaaris, par exemple. Cependant d'autres en trouves, Gradur en est conscient puisqu'il leur répond dans le son "confession" :

"tout ces pd me comparent à kaaris ils savent pas différencier le trap"

Selon lui, le problème vient de la méconnaissance du genre pour ceux qui critique. Une idée pertinente puisqu'en s'attardant sur la scène trap d'Atlanta les mêmes schémas existent, de la ressemblance des instrus aux flows qui se comptent sur une main.

Personnellement, je trouve l'Homme au Bob plutôt original quant à la concurrence. L'écriture de Gradur est particulière quand on s'attarde sur sa simplicité (simplicité déja démontré par la série de freestyle, concept simple mais efficace c.f. : la sexion d'assault, l'animalerie..).

Les phrases sont construites à l'instinct et l'abondance de conjonction et autres pronoms personnels les rendent souvent très très longues. Par simplicité, j'entend que Gradur écrit comme il parle, et décris des choses simples de sa vie quotidienne. La métaphore est largement moins présentes que dans l'écriture de Kaaris, Dosseh, Lacrim, Niro, Joke etc.. Ce qui apporte de nouvelles choses, une dimension particulière à sa musique.

D'ailleurs en Interview, il souligne le fait qu'il écrit avant tout pour ses potes, pour ceux qui se reconnaîtront dans les divers événements raconté par l'homme au bob. Au fond, il rappe comme il parle, et ce, sur des instrus qui font 70% de la force des morceaux.


"j'écris mes textes aux toilettes, c'est mieux pour rapper de la merde, mais bon ça me fait rapporter 3 fois plus que le salaire du maire, alors j'en donne à ma mère, ça lui fait oublier que je suis vulgaire"


Cette phase extraite du morceau "Calibre" répondra directement à ceux qui reprochent au genre d'effacer la pertinence des textes et s'enliser toujours plus dans la vulgarité, l’obscénité. Même si l'avouer ne permet de se dédouaner de la faiblesse de certains passages, Cette phase donne une dimension plus humaine au morceau et à l'album puisqu’elle s'adresse directement aux contradicteurs en leurs confrontant le projet musical de Gradur, les choix qu'il a fait et sa vision des choses, Cette phase se lit plus comme un contre-argument qu'autres choses, l'aspect humain amène le vécu de Gradur au coeur du texte et rend la critique objective plus compliquée.



Je n'ai pas apprécier écouter cet album. Les freestyles non plust. Je trouve ses flows souvent maladroit et sa façon de crier lorsqu'il est hors tempo me gêne dans l'écoute. Son écriture est plutôt faible, les anaphores et redondances omniprésentes à travers les 17 pistes de l'albums rendent le tout assez dense, indigeste. Indigeste, oui, parce que ces 17 tracks sont pour la majorité construites suivant la même structure.

Cette incapacité à renouveler le style traduit,une certaine candeur dans la réalisation du projet. C'est à dire qu'après l'écoute des 5 premiers morceaux on commence à ressentir le moule, la structure de l'album et de tout ses morceaux, et ce n'est ici pas de l'ordre de la simplicité, mais probablement de l’inexpérience. Je ne reviendrai pas sur les feats qui ne sont pas surprenant, à noter quand même la présence de Migos et Chief Keef, respectivement signé chez Warner et une fililale d'Universal.

En somme, je pense que Gradur à sût saisir l'atmosphère du moment, et d'en profiter. Son succès n'est pas le fruit du hasard, sa stratégie à été payante, On peut penser que le type de public peut expliquer le succès d'un projet aussi bancal, en effet de nombreux enfants et adolescents écoutent Gradur, et ceux-ci sont ceux qui achètent (disques et T-Shirt). On pourra également parler d'un effet de mode, c'est possible, mais il est encore trop tôt pour l'affirmer.

A défaut de fournir un projet solide, le détenteur d'un BTS management des unités commerciales donne une belle démonstration de marketing et de communication.

Merci de votre lecture, n'hésitez pas à réagir, partager, etc..





samedi 31 janvier 2015

LE PARALLÈLE PARNASSIEN - LA MATIÈRE RAPOLOGIQUE

Apollon et les muses sur le Mont Parnasse, par Pierre Brebiette (1598 -1650)


Cet article fait écho à celui du mois dernier, dans lequel j'ai abordé la consommation musicale à travers les processus de production propre à l'industrie et ses modèles économique. En établissant aujourd'hui un parallèle entre le rap et la poésie, et plus particulièrement le mouvement parnassien, je vais essayer de faire ressortir différentes façons d'aborder le rap et plus largement l'objet musical.


En associant le rap à la poésie, n'en déplaise à certains, on dispose de plusieurs siècles d'étude de la rime et de ses nuances. 
Construits puis déconstruits, les mots, leurs associations et leurs enchaînements, ont étés pensés, manipulés, étudiés, débattus.



"Ils tentent d'étouffer notre art faut être honnête
Ils refusent de reconnaître qu'en ce siècle les rappeurs sont les héritiers des poètes"

Kery James, A l'ombre du Show business (2008)
Le texte entier peut se lire en parallèle avec le 
poème de Victor Hugo la fonction du poète (1840)



Le mouvement parnassien (dont le nom fait référence au Mont Parnasse, en Grèce, associé à Apollon et ses 9 muses, le dieu des poètes et plus encore) est une mouvance poétique du 19ème siècle qui se caractérisait par le rejet du lyrisme et de l'engagement social et politique de l'artiste. Prônant l'impersonnalité et le refus du "je", le mouvement parnassien se définit autour d'outils rhétorique et de figure de style, souvent la métaphore, pour travailler la "matière poétique".

Le concept de matière poétique est intéressant dans la mesure où celui-ci offre une existence métaphysique à la construction lyrical, permettant ainsi une appréciation esthétique plus profonde de la technique. Ainsi, l'artisanat poétique, les structures textuelles et le son des mots sont autant d'aspects de la poésie qui contribueront à la beauté d'un morceau.

Fort de métaphore, ce mouvement définit le beau par la danse des images et la mélodie des mots, en dehors de tout revendications ou émotions personnelles.


"Les dieux eux-mêmes meurent, 
Mais les vers souverains 
Demeurent
Plus forts que les airains."

Théophile Gauthier, l'art (1852)



Si j'ai choisis le mouvement parnassien dans le cadre du parallèle entre la poésie et le rap, c'est justement parce que cette "matière poétique" peut-être transposée en "matière rapologique". Certes l'impersonnalité se fait rare dans les textes de rap, mais le rejet de l'engagement social et politique existe bel et bien.
Certains définissent la force d'un morceau aux thèmes qu'il aborde, aux vérités qu'il met en lumière. Ainsi, une catégorisation des morceaux relatives aux engagements de l'artiste peut s'effectuer, consciemment ou inconsciemment, de tel façon à ce qu'une hiérarchie latente formate les écoutes de chacun. Mais en changeant de perspective d'écoute, en basculant sur une vision parnassienne du rap, on pourrait être amener à apprécier la force d'un morceau à travers sa structure et sa technique.

On en revient de cet manière à la théorie de l'art pour l'art, qui dépolitise tout oeuvre et oppose le beau à l'utile tout en jouant du matérialisme de la chose artistique. Vouloir s'affranchir de la morale en donnant une certaine autonomie à l'art, comme un libre-arbitre.

Là où le parallèle est intéressant, c'est que le rap à beaucoup de difficultés à se faire reconnaître en tant qu'art. Le rappeur est souvent considéré, au mieux, en tant que porte-parole des classes populaires.

Considérer la "matière rapologique" c'est se libérer des codes du rap, des critères de bon ou mauvais, de vrai ou de faux, de l'industrie et des médias. Tout ceci en s'offrant des perspectives plus profondes, puisqu'il serait possible d'apprécier un morceau indépendamment de l'image, du marketing.
C'est apprécier un morceau comme une sculpture, en y remarquant les assonances et les allitérations, individuellement, puis globalement. Ce maniement des mots, associés aux métaphores caractériserait le beauté d'un morceau.


L'art pour l'art(isan) ?


Concernant les intentions des créateurs, le parallèle parnassien est également intéressant. En effet, si, aujourd'hui, le but ultime est le consommateur, ceci peut changer si l'on entend bien la matière "rapologique". Dans la mesure où l'effort, le travail, l'exercice de l'art(isanat) des mots caractérisent la beauté du morceau, l'auditeur ne pourra accéder à cette potentielle beauté sans les outils nécessaires à sa compréhensionC'est certes une démarche quelques peu élitiste, mais à mon sens plus valorisante pour le rap en général.

Sans des connaissances en la matière, l'essence même du morceau, attaché au culte de sa propre forme, reste caché à l'oreille du profane. Seul les auditeurs érudits, studieux et soucieux, peut-être eux-mêmes des artistes, ont les clefs pour reconnaître la pertinence de l'effort, un peu comme un morceau de Lino.



Ainsi s'achève le 33ème article de ce blog. 
En attendant le suivant, rejoignez-nous sur


mardi 30 décembre 2014

Les intentions du créateur définissent-elles les habitudes des consommateurs ?


Les habitudes de consommation musicales se définissent par le moyen par lequel l’individu va entrer en contact avec l’art ainsi que le degré d’implication de son esprit dans l’écoute. Ainsi, l'évolution des supports engendre naturellement et irrémédiablement un profond renouveau dans notre façon d'aborder l'objet musical. 

La consommation, dans son essence, découle de façon plus ou moins complexe de la production. Les processus de création et environnements des créateurs caractérisent largement ce que sera le produit finit. 

De ce fait, l'artiste et son équipe sont responsables du produit qu'ils livreront au public.

Dès lors, la problématique suivante se pose :


Les intentions du créateur définissent-elles les habitudes des consommateurs ?


Les singles sont l'exemple type de la consommation musicale. Il était banal d'en trouver dans les bacs jadis, le concept s'est exporté depuis, inondant les plateformes de téléchargement légal et de streaming. 

Un single, c'était Face A / Face B, ou double Face A et était souvent des morceaux extraits d'album également en ventes, sans rarement de différences, souvent accompagnés de la version instrumentale.
Je trouve compliqué de comprendre pourquoi ce concept à existé, et continue de le faire, tant il est à l'opposé, selon moi, de la façon dont le rap, et plus largement la musique s'écoute, se pense.

Une discographie est une galaxie, un album est un univers, une dimension. Lorsque j'apprécie un titre, je ne me dis pas naturellement que je vais acheter ce morceau et l'ajouter à ma playlist de morceau unique. Non, je cherche le dernier album et l'écoute, puis je creuse jusqu'à avoir tout écouté. 
Ma carte SD de 16 giga est donc remplie d'album, et non de single, et c'est ainsi que je me construis un avis global sur les artistes que j'écoute. 

Pour en revenir à la problématique, la partie la plus intéressante du raisonnement est la suivante :
Selon une étude récente, 56% des consommateurs de musique digitales utilisent le "ripping", c'est à dire qu'ils téléchargent la musique qu'ils écoutent directement sur Youtube à l'aide de convertisseurs mp3.
Cette donnée est intrigante, puisque même en utilisant des pratiques à la limite du légal, plus de la moitié de ces consommateurs reproduisent les schémas de l'industrie.

Pour approfondir, disons que l'industrie, avec les singles, surf sur les tendances plus facilement. Or, le conditionnement du single peut-être limitant puisque l'offre domine la demande, ce qui efface l'action d'approfondissement, de recherche de l'auditeur. La joie de découvrir un bon morceau à l'écoute de l'album recule, le morceau en question est choisit par le créateur. Considérer l'acte d'achat musical différemment, en le combinant avec des pratiques illégales d'écoutes, permet justement de s'affranchir des règles de l'industrie et de découvrir perpétuellement. Voilà pourquoi ce chiffre, 56%, m'étonne beaucoup. Il m'étonne parce qu'il signifie que pour certain, même en basculant dans l'illégalité, retombe dans les facilités de l'industrie, dans ses pièges.


Mais ce n'est pourtant pas si étrange, en tout cas d'après le père du libéralisme, Adam Smith, selon qui le consommateur est la cible final, le but ultime de toutes productions. Il est dès lors normal, enfin, logique que le consommateur agissent ainsi, puisqu'il à été formé, son esprit structuré, depuis sa première tirelire, à l'acte d'achat, instantanéité de la consommation. D'ailleurs, celui-ci étant trop idiot ou la propagande si forte, des lois protégeant le consommateurs fleuriront au fil du temps (dès 1960 aux Etats-Unis).


On pourrait répondre à la problématique de la façon suivante : les intentions du créateur définissent-elles les habitudes des consommateurs ? 
Oui, à hauteur de 56%.

Mais vous conviendrez que cette réponse n'en est qu'une seulement sur la forme, ce qu'il faut retenir en conclusion, c'est que la société de consommation cristallise le système moderne et ses caractéristiques, soit la publicité et le marketing, l'instantanéité de l'acquisition, l'image et la propriété. Les dernières preuves en date sont ce flow propre à la trap, court et saccadé. Là où le texte s'efface et laisse place à des bribes de mots, parfois frôlant l'absurde ou le ridicule. Comme si les filaments textuels ne comptait peu ou pas, n'était là qu'au service d'une autoproclamée punchline, souvent faible, qui plus est.



Plus de statistiques : 


Si, dans un système libéralisme, la cible finale est le consommateur, d'autres conception de la consommation musicale existe, c'est ce que je présenterais dans le prochain article.

Pour se tenir au jus, rejoignez-nous sur Facebook






dimanche 30 novembre 2014

Radio France, premier sur le rap

Au début je voulais écrire vite fait un truc sur Booba et Kaaris qui se clash alors qu'ils annoncent tout deux un album, sont tout deux affilié à Universal, mais ça me gène un peu parce que c'est chiant et vraiment banal.



C'est pourquoi en ce mois de Novembre 2014 nous allons parler de France Inter, France Culture (soit Radio France) et finalement tenter de comprendre la soi-disant victimisation médiatique dont le rap souffrirait.

"Soi-disant" parce que même si les gars se plaignent de ne pas être invité dans les grands médias ils sont toujours plus ou moins présent là où ils sont censé exister, c'est à dire dans le rap. On retrouve dans les émissions de l'abcdrduson ou CPHH sur N-da-hood les tendances, les différentes sorties, des sujets de discussions actuels, de plus ou moins bonnes qualités.




Reste à savoir où est ce que le rap doit se tenir, pour Skyrock il semblerait que cette musique soit parfaitement à sa place entre des publicités, de l'électropop dégueulasse et des émissions d'autistes.

Bref, Skyrock, premier sur le rap.

Mais non en fait, pas du tout, parce que quand Skyrock programme 90% de merde à consommer comme un quelconque produit de grandes surfaces on a envie de se dire c'est pas possible, quelque chose de mieux doit exister ailleurs,

après 25 ans de rap en France c'est chaud quand même de se dire :


"Tiens je vais écouter du rap, je vais mettre Skyrock"


Si comme moi vous n'écoutez pas seulement du rap mais êtes friand d'émission spé, Skyrock est loin d'être satisfaisant, il faut plutôt se tourner vers d'autres radios telles que France Inter et France Culture, qui n'ont pas la même approche de la musique. Il m'a en effet semblé que ces deux radios proposent une façon différente d'écouter et de comprendre la musique, en général. Peut-être que je me trompe, mais de ce que j'ai écouté, les interventions des acteurs de la scène hip-hop sont bien plus intéressantes sur ces radios généralistes que sur Skyrock. 

On ne parle pas d'émission spé hip hop mais d'émission plus en phase avec ce mouvement, plus intelligentes sans pour autant s'y réduire. L'ultime exemple est pour moi cette émission :




Parce qu'on y parle de musique à proprement parler, hors des clichés et des banalités souvent traînés sur les pseudos radios spé, on y apprend des choses et c'est frais, intéressant, doux à l'oreille.


Je trouve ça compliqué aujourd'hui de dire que le rap est boycotté parce qu'on lui accorde largement la parole, même si c'est dans des périodes de clash, radio France  donne la parole à des mecs qui peuvent dire "c'est pas ça le hip-hop, ces gars là font pitiés"


L'une des particularités du hip-hop est que c'est un genre musical peu accessible, qui oblige (quand on est sérieux) à creuser, approfondir et chercher les mecs qui font des choses biens, comme ces gars là (qu'on a déjà partagé sur notre page fb) :


Plus de bonnes choses : http://gasface.net/


Si le rap est le reflet d'une certaine réalité, il est évident que ce n'est pas celle qui est largement mis en avant par les médias. Ce n'est pas parce que le rap est rap qu'il est traité ainsi, mais parce qu'il reflète une réalité pas intéressante pour la plupart des émissions. 

C'est un fait mais pas une fatalité puisqu'on peut toujours compter sur des gens bien pour reconnaître un talent artistique, musicale, plutôt qu'une polémique. Et c'est ceci que je voulais souligner dans cet article. J'ai pris l'habitude d'être assez toxique, c'était l'occasion de changer un peu en partageant des choses que j'ai aimé.

CLIQUE CLIQUE (sur l'image parce que j'arrivais pas à intégrer le lecteur sur le blog alors j'ai feinté)


Si j'ai plusieurs fois dit que le rap devait se débarrasser de ses clichés c'est sa généralisation qui l'a codifié parce que, comme soulignés dans l'émission ci-dessus, les médias ont une grosse part de responsabilités dans la construction de la scène hip-hop. Pour tirer vers le haut le mouvement, il faut donc que les artistes comme le public choisissent intelligemment  les médias qui se feront le relais de la musique qu'ils aiment.


Pour se tenir au courant des bonnes choses, rejoignez nous sur Facebook ici même
Mais surtout, creusez !